Mon intégration en Allemagne

Dans un article précédent, j’ai rapidement évoqué mon intégration à Hanovre.

L’intégration est selon moi un processus qui repose sur une double volonté : celle de la société et celle de l’individu. Pour moi, l’intégration n’est réussie que si la société m’accepte, et je cherche à m’intégrer. En bref on s’intègre ET on est intégré/e .

 

Or en discutant avec d’autres étudiants étrangers, j’ai compris que la question de l’intégration était un thème récurent lorsqu’on parle de nos rapports avec les Allemands. Et on en est venu à la conclusion qu’elle est en fait plus compliquée que prévu !

Comme je l’ai dit auparavant, je vis dans une coloc avec 5 autres Allemands, 2 filles et 3 garçons, tous dans la vingtaine. Quatre sont étudiants comme moi, dont deux étudient la même chose que moi. Et depuis 6 mois, je suis en couple avec Allemand. De plus, dans mes cours, je ne suis qu’avec des Allemands, de même que dans mon groupe de volley-ball et mes autres activités hors-université.

Via mes coloc, mon copain et ces activités, je ne suis fait quelques amis Allemands. Enfin « amis »…  « connaissances » serait un terme plus juste !! Car si vu de l’extérieur, il semblerait que j’ai réussi à m’intégrer à la société allemande, cette intégration ne s’est en réalité faite qu’en surface.

Lorsque je me présente dans un groupe, quel qu’il soit, les gens se rendent rapidement compte que je ne suis pas Allemande. Du coup, ils me demandent d’où je viens, où j’ai appris l’allemand, pourquoi je suis venue à Hanovre précisément… Pendant 10 mins, les gens me posent des questions, on discute, on fait connaissance. Mais j’ai rapidement compris que ces questions ne sont pas de l’intérêt, mais plutôt de la pure curiosité ! Lorsque j’ai répondu à toutes leurs questions pour satisfaire cette curiosité, la conversation prend fin. Et lorsque je recroise ces personnes, ils me saluent poliment et poursuivent leur chemin.

 

Racisme ? Ethnocentrisme ? Non ! Pas du tout !! En fait, les étudiants Allemands ne voient pas l’intérêt de se lier d’amitié avec quelqu’un qui ne va de toute façon rester qu’un an, voire six mois. De plus, et selon des copains eux-mêmes Allemands, les Allemands du Nord, ont la réputation d’être des gens froids, solitaires et pas très accueillants ou intégrateurs, à l’inverse des Allemands du Sud. D’après mon expérience, c’est plutôt vrai !

Après plusieurs mois de réflexion sur le sujet, j’ai demandé à des étudiants Allemands s’ils se sentaient eux-mêmes intégré dans leur promo, s’ils avaient beaucoup d’amis autour d’eux. Et je me suis rendue compte (ce qui m’a finalement rassuré), c’est de voir que ce problème d’intégration n’était pas réservée aux étudiants étrangers comme moi. Les jeunes Allemands, étonnamment, sont aussi souvent seuls, ou on peu d’amis, j’entends par là quelqu’un de plus intime qu’un simple copain ou qu’un camarade. 

Les vraies amitiés ou les relations étroites entre les étudiants d’une même promo sont assez rares, surtout chez les premières années !

Bon, il me faut relativiser, il y a tout de même des exceptions : j’ai quelques bons amis Allemands sur qui je peux compter !

Et heureusement, il existe un « truc ». C’est un Allemand du Sud m’a donné la solution : pour lui aussi, l’intégration en Basse-Saxe a été longue et un peu difficile. D’après lui, il ne faut pas hésiter à « briser la glace » et à faire un peu de « rentre-dedans » pour pousser les gens à la communication et finalement réussir à nouer des liens.

Et effectivement, petit à petit, les gens autour de moi m’ont accepté, et m’ont associé à leur cercle, parce que je leur ai montré que je ne m’intéressais pas à eux par curiosité, mais par désir de m’intégrer.

Cette intégration, aussi faible soit-elle, m’a quand même offert un avantage considérable sur les autres étudiants qui, je l’écrivais il y a quelques mois, n’ont pas forcé la communication (par choix ou par dépit) : celui de comprendre comment les Allemands, leur société et leur système fonctionnent.